Pas qu’une course …

Escalade2014© S. Saugy


Ai-je réussi, ai-je échoué ? Qu’il est douloureux de ne pas savoir…

Le besoin presse pourtant. Je veux connaitre l’attitude à adopter. Dois-je être content, fier … satisfait ou dois-je me montrer déçu, triste … insatisfait. Certains diront que c’est le monde à l’envers. Normalement, les émotions viennent d’elles-mêmes, se propagent et influencent notre attitude. Néanmoins, lorsqu’on y lit pas comme dans un livre, on se repose sur des indices plus rationnels pour traduire son humeur.

A priori, l’échec semble flagrant. On est loin de l’objectif “smart” fixé au préalable. Déchantons donc et regardons les choses en face. Je n’ai pas été à la hauteur, un point c’est tout.

Ne nous apitoyons pas. Une sagesse nous anime parfois et nous permet de prendre un peu de recul. Tout n’est pas à jeter. Quel chemin parcouru depuis la convalescence ?! Quels changements dans notre quotidien ?! J’ai progressé, je le vois et je me sens mieux. Tout ceci m’a aidé d’une manière ou d’une autre c’est sûr.

– N’ai-je donc pas eu les yeux plus gros que le ventre ? N’ai-je pas simplement sous-estimé ce qu’il fallait pour y arriver ? Allez… avec quelques mois, peut-être, semaines de plus, ce serait passé. –


Lorsqu’il est si facile de trouver les raisons d’un échec, c’est qu’il s’agit d’excuses.
Point d’apprentissage donc… on se répétera… à l’infini s’il le faut, c’est affligeant.

Le syndrome classique d’un objectif considéré, à posteriori, comme trop haut en est un parfait exemple… Comment peut-il avoir été juste pendant des mois et soudain trop haut le lendemain ? Si les vraies raisons nous échappent donc… voilà une question qui mérite d’être posée.

Ma réponse est qu’il m’a servi. Cet objectif trop ambitieux m’a poussé hors de cette fameuse zone de confort, m’a empêché de gérer et m’a amené sur le fil du rasoir à chaque sortie. Il m’a blessé et m’a trainé dans la boue à chaque fois que je me suis résigné à prendre les baffes que donne la vie. Il me suffisait d’y croire pour me jeter à l’eau.

– J’ai donc réussi !!?

– Non, tu as échoué et c’est mieux ainsi…


…une seconde, deux secondes, trois secondes…
ça monte au cerveau

Entre échec et réussite, mon attitude restera donc indéterminée ce soir… Je reste dans cette zone grise qui ne nous dit finalement jamais exactement comment les choses doivent être vécues.

La blague dans tout cela est que j’écris avant de vivre l’expérience.

Tout se passera samedi, mais je me connais trop bien. Mes limites, mes capacités… Je n’irai pas plus loin que ce que je supporterai. Aucune motivation ou ressource inexplorée me fera passer un ultime cap. Je ne pourrai donc QUE me montrer aussi bon que ce que je suis… ou alors juste moins bon.


Course de l’Escalade, 2015
Samedi 5 décembre
Vieille-ville, Genève

http://live.escalade.ch/

Coureur : T. Huwiler
Photo : S. Saugy
Texte : J. Saugy

Music : Grandbrothers – Rotor

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